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Pérennisation des périodes « nuits dormantes » dans les internats organisés : les moyens sont-ils bien maintenus ?
Rappel de la situation
En 2019, suite au rejet du pourvoi en cassation intenté contre sa condamnation par la cour d’appel de Bruxelles pour violation de la règlementation relative à l’aménagement du temps de travail, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a revu la prise en compte du travail accompli la nuit par les éducateurs et éducatrices d’internat. L’Arrêté royal du 8 avril 1959 a été modifié pour fixer la durée de la nuit des internes à 8h, porter à 4h le nombre d’heures rémunérées durant cette nuit et déterminer un maximum hebdomadaire d’heures moyennes de présence et de nombre de nuits (respectivement 48 et 3). Cette reconnaissance des prestations et des droits des travailleurs et travailleuses des internats, bien que toujours incomplète, n’en reste pas moins une avancée.
Cependant, sans autre disposition, elle aurait mathématiquement entrainé une diminution de l’encadrement en internat, les nouvelles heures valorisées la nuit ne pouvant plus être prestées à un autre moment. Décision fut donc prise d’assumer financièrement l’augmentation de la valorisation des prestations nocturnes en octroyant aux internats des heures de compensation.
Si la mise en œuvre de cet octroi fut, on s’en souvient, un peu chaotique, chaque internat devant déterminer le nombre de périodes à récupérer, les périodes ont bien été attribuées et recalculées chaque année depuis 2019. Le statut de ces périodes n’a jamais cependant été clair : octroyées par l’Administration sur base des déclarations des internats, elles n’étaient mentionnées que dans une circulaire (7230).
Nouveauté
L’actuel gouvernement de la FWB a décidé de mettre en place une solution pérenne et organique en remplaçant ces périodes dite « nuits dormantes » ou « gardes dormantes » par une révision, à la hausse, des normes d’encadrement dans les internats. Sous réserve de l’adoption par le Parlement de la FWB du décret contenant la disposition, l’Arrêté royal du 18 avril 1967 fixant les règles de calcul du nombre d'éducateurs dans l'enseignement de l'Etat est revu et le nombre d’élèves pour bénéficier de chaque demi-emploi supplémentaire au 1er emploi est abaissé. Par exemple, il faudra 9 internes pour bénéficier d’1,5 emploi ; 35 internes pour 3 emplois ; 79 internes pour 5,5 emplois ; 140 internes pour 9 emplois…
Les emplois générés sont donc décrétaux, organiques et statutaires, ce qui constitue évidemment un progrès par rapport à la situation actuelle.
Deux bémols
Le gouvernement n’a pas voulu nous communiquer le détail des projections ayant mené aux nouvelles normes : il nous a donc été impossible de vérifier, même globalement et à situation égale, son affirmation selon laquelle l’encadrement actuel, périodes nuits dormantes comprises, était bien conservé.
Quid des internats et homes d’accueil de l’enseignement spécialisé et des Centres de Dépaysement et de Plein Air (CDPA) ? Le nombre d’emplois d’éducateurs et éducatrices d’internat n’y est en effet pas fixé par l’Arrêté modifié. Le gouvernement nous a répondu que pour ces établissements, rien ne changerait et donc que le système des périodes nuits dormantes serait maintenu.
Seul l’octroi de l’encadrement en 2025/26 (et le calcul au 30/09) permettra de déterminer si les mesures prises étaient suffisantes.
Groupes de travail « pénurie » : circulez, il n’y a rien à voir !
La pénurie d’enseignants qualifiés devrait être une préoccupation majeure de tout gouvernement ayant cette responsabilité dans ses compétences.
Depuis des années, deux tendances lourdes dégradent progressivement la situation dans la plupart des pays du monde. Le premier facteur est la mise en place progressive d’un New Public Management[1], l’autre le maintien dans une situation d’austérité permanente[2].
En Belgique francophone, la pénurie est aujourd’hui plus que tangible, quel que soit le facteur par lequel on l’appréhende. Avec sa déclaration de politique communautaire, le gouvernement MR/Engagés a pourtant choisi de continuer dans la même voie et en passant à la vitesse supérieure. Par la magie de la communication politique, des mesures délétères, qui sapent le système dans ses fondements s’y voient attribuer la vertu de « solution à la pénurie »… Et pas question d’en discuter.
Votre mobilisation historique et la sympathie envers le mouvement dans l’opinion publique ont pourtant été un grain de sable dans une mécanique que le gouvernement croyait bien huilée. Afin de ne pas paraître indifférent, le gouvernement a mis en place, après la manifestation du 27 janvier, des « groupes de travail » (de réflexion) dont le thème général est la lutte contre la pénurie. Ils réunissent des représentants des organisations syndicales, des fédérations de pouvoir organisateur et WBE, et du gouvernement avec un rythme mensuel.
Ne tournons pas autour du pot, ces discussions ne mèneront à aucune solution, même partielle, à la pénurie. Au contraire, il montre un gouvernement qui s’entête dans des logiques qui vont accélérer la dégradation de la profession et donc aussi la pénurie.
Quelques exemples :
Le GT 1 discute de possibilités d’harmonisation de statuts entre les différents réseaux et de priorité de 2e rang. Il a été complètement piraté par la ministre elle-même qui a décrété des mesures en matière de réaffectation inter-réseaux qui auraient dû faire l’objet de discussion dans ce GT (Décret programme 2).
Le GT 2 est censé discuter de pistes d’amélioration des conditions de travail. Après 4 mois, le sujet n’y a toujours pas été abordé. Une séance entière a été consacrée à la présentation par deux invitées du système Flamand de « l’onderwijsbrug », qui pour la modique somme d’un million d’euros de mise en place, a permis d’attirer à peu près dix équivalents temps plein[3] cette année. Un exemple à suivre.
Le GT 3 discute d’augmentation barémique, excellent moyen d’attirer des candidats enseignants. Le seul problème, c’est que la question est plutôt : comment peuvent-ils financer eux-mêmes leur augmentation ?
Le GT 4 tourne en rond autour de questions à résoudre avant la sortie des premiers diplômés des nouveaux cursus pédagogiques... seulement dans deux ans ! On a encore le temps de tourner.
Le gouvernement est bien souvent très isolé dans les positions qu’il défend dans ces discussions, mais ce n’est sans doute pas suffisant pour qu’il change d’avis. Dès la rentrée, nous devrons nous remobiliser. Pas seulement pour tenter d’éviter de nouvelles attaques contre nos conditions de travail et de vie, mais aussi pour obliger le monde politique à prendre ses responsabilités et à mettre en place de vraies solutions.
[1] Le New Public Management (nouvelle gestion publique, en français) est une doctrine née dans les années 1980 qui vise à appliquer des méthodes de gestion des entreprises privées à des secteurs relevant d’administration publique ou dont la nature des services rendus possède un très fort caractère public.
[2] L’austérité permanente consiste à déterminer les dépenses publiques en fonction des recettes, plutôt que de viser à répondre au besoin en mobilisant les richesses produites au service de l’intérêt collectif.
[3] La Flandre compte à peu près 208 000 enseignants
Temporaires : quelle rémunération pour l’été ?
En tant que temporaires, vous avez droit à une rémunération durant les vacances d’été.
Celle-ci dépend du nombre de jours et de la fraction de charge (12/24e, 17/20e, etc.) durant lesquels vous avez été rémunéré durant l’année scolaire. On vous explique tout.
Si vous avez effectué des prestations en tant que temporaire durant l’année scolaire écoulée, vos vacances d’été sont couvertes en tout ou en partie par un traitement différé de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), que l’on nomme communément vacances proméritées (VP), et, le cas échéant, par des allocations de chômage qui peuvent couvrir la période non couverte par les vacances proméritées.
Le C4 est le seul document qui permet d’ouvrir vos droits sociaux dont celui aux allocations de chômage. À la fin de votre intérim et/ou de l’année scolaire : ne quittez pas votre établissement scolaire sans lui !
Dispense d’inscription comme demandeur d’emploi
Si vous avez travaillé au moins un jour dans un établissement scolaire au cours de l’année scolaire écoulée et devenez chômeur en juillet ou août, vous n’êtes PAS obligé de vous inscrire comme demandeur d’emploi au début du mois de juillet. Cette dispense concerne tou·te·s les enseignant·e·s, quel que soit leur statut d’occupation (temporaire, temporaire prioritaire, ACS, APE, etc.).
En revanche, dès le mois de septembre, l’inscription comme demandeur d’emploi est requise obligatoirement à défaut d’un emploi à temps plein. En effet, la dispense n’est pas impactée par la réforme des rythmes scolaires en FWB et couvre toujours la période des mois de juillet et août.
Remarques
- Si votre contrat vient à échéance avant le 30 juin, vous devez toujours vous inscrire comme demandeur d’emploi dans les 8 jours de la fin de cette occupation.
- Si vous êtes attributaire d’allocations familiales, vous devez communiquer votre numéro au service chômage de la FGTB.
- Le temporaire prioritaire et le temporaire protégé sont et restent avant tout temporaires : ils sont dès lors soumis aux mêmes règles que le temporaire ordinaire.
Droit aux vacances proméritées
Il s’agit des jours de vacances couverts par un traitement différé dont le nombre varie en fonction des prestations effectuées en qualité de temporaire au cours de l’année scolaire qui s’achève.
- Temporaire horaire complet toute l’année scolaire (éventuellement en regroupant plusieurs fractions d’occupation) :
Bonne nouvelle, vous n’avez rien à faire. Le traitement différé de la FWB est réputé vous couvrir durant toute la période des vacances d’été. - Temporaire horaire complet durant une partie de l’année scolaire et/ou horaire incomplet :
- travail effectué à temps partiel
- période(s) sans désignation ou engagement durant l’année scolaire
- congé de maladie (indemnisé par la mutuelle)
- congé de maternité
Il faut déterminer le nombre de jours de traitement différé auquel vous avez droit.
Nombre de jours de traitement différé
Ce nombre est calculé au prorata de la durée et de la hauteur des prestations :
nombre de jours (y compris les weekends) pour lesquels vous avez été rémunéré pendant l’année scolaire par la FWB X fraction d’occupation X coefficient
Le coefficient utilisé par la FWB est 0,150160 (déterminé en utilisant le nombre de jours exacts de l’année scolaire).1 Mais celui utilisé par l’ONEM est cette année 0,1555 (déterminé selon le nombre de semaines).
Le nombre de jours de vacances proméritées obtenu est utilisé à partir du 1er lundi de vacances en régime 6 jours/semaine.
Modalités de versement de la rémunération différée
Le montant dû par la FWB dépend du nombre de jours de traitement différé.
Sachant que le traitement des prestations rendues à titre temporaire
- lors du mois de juillet de l’année scolaire concernée est liquidé fin juillet (liquidation à terme simplement échu),
- lors du mois d’aout de l’année scolaire suivante, n’est liquidé que fin septembre (avec le traitement du mois de septembre (problème que la FWB dit insoluble),
les modalités de répartition du versement du traitement différé sur juillet et août sont dorénavant les suivantes :
- une liquidation a toujours lieu fin juillet et une autre fin aout (et ce, peu importe le nombre de jours de traitement différé dont le membre du personnel bénéficie) ;
- elle se fera au prorata des jours de vacances de juillet et août MAIS en considérant toujours 31jours pour le mois d’août
Exemple :
27 jours en juillet |
31 jours en aout (peu importe le nombre réel de jours de vacances en aout) |
Nombre de jours considérés durant les vacances : 58 jours |
- 27/58 des VP versés en juillet (en plus de l’éventuel traitement des jours prestés en juillet)
- 31/58 des VP versés en aout
Cette pratique, certes pas idéale, permet tout de même d’atténuer les différences entre les sommes perçues entre le mois de juillet et le mois d’août.
Conséquences de la réforme des rythmes scolaires et de la modalité de versement de la rémunération différée
A noter que les différentes modifications n’ont entraîné aucune conséquence sur le montant total de la rémunération annuelle. Le membre du personnel temporaire perçoit bien la totalité de sa rémunération pour l’année scolaire.
Information officielle par la FWB
> Toutes les infos sur la rémunération différée (circulaire 9305)
Besoin d’information sur le traitement différé / les vacances proméritées ?
C’est bien la régionale d’affiliation CGSP Enseignement qui peut vous aider.
Droit au chômage
Pour les temporaires n’ayant pas travaillé l’année scolaire complète et/ou pas à horaire complet, un droit au chômage peut être demandé pour la période non couverte par le traitement différé de la FWB.
La demande doit être introduite au plus tard 7 jours après le dernier jour de vacances proméritées. Aucun retard n'est toléré par l'ONEM ! Afin de permettre le traitement optimal de votre dossier par le service chômage de la FGTB, il vous est conseillé de réaliser les démarches un peu avant la fin de l'épuisement de la période réputée couverte par la FWB.
Le droit à et le montant des allocations de chômage dépend de différents facteurs comme l’âge, le passé professionnel, le nombre de jours prestés durant l’année scolaire ou le nombre de jours de traitement différé accordés.
Introduction d’une demande d’allocation de chômage
Attention, ce sont bien les bureaux de chômage FGTB qui sont compétents à ce sujet, et non les régionales CGSP.
Exceptions
- Contrats ACS, APE, PART-APE et PTP
Les contrats ACS, APE, PART-APE et PTP dans l’enseignement (venant à échéance à la fin de l’année scolaire) ne donnent pas droit à un traitement différé. Les enseignants concernés sont donc entièrement à charge du chômage pour les vacances d’été (tout en bénéficiant de la dispense d’inscription comme demandeur d’emploi).
Si vous êtes dans cette situation, il faut donc faire appel au service chômage de la FGTB muni de votre C4 enseignement.
- CPMS
L'exercice CPMS court du 1er septembre au 31 août. Les membres du personnel technique des CPMS temporaires sont désignables durant cette période et ne sont pas concernés par la rémunération différée. Ils doivent également demander des allocations de chômage à la fin de chaque période d'activité, y compris l'été.
Temporaires des Hautes Écoles
Les enseignants concernés doivent vérifier s’ils ont droit à un traitement différé.
Si c’est le cas, il faut déterminer le nombre de jours de VP auquel vous avez droit et ainsi, fixer la date à partir de laquelle vous pouvez bénéficier d’allocations de chômage. Il est important de se réinscrire à la FGTB au plus tard le 1er jour ouvrable qui suit le dernier jour de VP.
Si ce n’est pas le cas, il faut, au plus tard le vendredi de la semaine dans laquelle se trouve le 15 juillet se réinscrire à la FGTB comme demandeur d’allocations de chômage. N’oubliez pas de préciser au bureau de chômage FGTB que vous n’avez pas droit aux VP et de le remettre votre C4 délivré par l’employeur daté du 30 juin.
Remarque générale : les enseignants temporaires à durée indéterminée (TPI) sont rémunérés comme les enseignants nommés à titre définitif. Ils continuent à percevoir leur traitement normal pendant les vacances d’été et ne perçoivent donc pas de traitement différé.
1 mais celui utilisé par l’ONEM est cette année 0,1555 (déterminé selon le nombre de semaines).