PREMIER ASPECT : L’ACTION
LA RÉGIONALE DE LIÈGE FACE AUX MANQUEMENTS DU POLITIQUE
Avant d’aborder des aspects méconnus du travail syndical, j’aimerais commencer par vous en présenter le penchant le plus médiatisé et, sans doute, le plus controversé. Il s’agit des actions concrètes menées afin de défendre et préserver les intérêts des affiliés.
À l’heure où plusieurs syndicalistes, dont le président de la FGTB, viennent d’être condamnés à une peine de prison - avec sursis - pour avoir dénoncé les politiques ultralibérales très clairement hostiles aux travailleurs sur base d’une campagne de désinformation rudement bien menée et d’une hostilité sans précédent au droit de grève, l’organisation syndicale ne faiblit pas et conserve sa combativité, elle n’oublie pas les raisons et les fondements de son existence.
J’en ai eu la preuve en allant à la rencontre des élus liégeois de la CGSP-Enseignement. Le délégué d’un établissement d’enseignement spécialisé m’a fait part des raisons qui l’ont un jour poussé à se présenter comme délégué : la volonté de soutenir ses collègues, en relayant les difficultés rencontrées auprès de la direction et de dégager des solutions. Jusqu’à présent, pour lui, ce système a toujours bien fonctionné. Cependant, ces difficultés ne trouvent pas toujours leur origine dans les agissements de la direction ou du pouvoir organisateur. En réalité, elle se situe le plus souvent au niveau de la prise de décision politique.
La situation dénoncée est la suivante : les masques nécessaires à la sécurité du personnel en temps de pandémie ne sont mis à disposition ni par l’employeur (le PO), ni par la ministre en charge de l’Enseignement obligatoire. L’obligation de fourniture du masque par l’employeur est pourtant clairement indiquée sur le site Internet du SPF Emploi, Travail & Concertation sociale. Il va sans dire que la situation de l’enseignement spécialisé est d’autant plus problématique qu’un nombre significatif d’élèves ne sont, au vu de leur situation de handicap ou de leur état médical, pas obligés de porter le masque et nécessitent des contacts plus rapprochés avec leurs enseignants, ce qui augmente le risque de contamination.
Suite à de nombreuses interpellations d’affiliés, la régionale de Liège a, afin de dénoncer le manquement des autorités politiques, organisé une distribution de masques FFP2, offrant une meilleure protection que les masques chirurgicaux, aux membres du personnel.. Cette action répond à un double objectif : équiper ces enseignants d’une protection satisfaisante eu égard à l’absence d’obligation du port du masque dans le chef des élèves et interpeller la ministre en lui prouvant qu’il est possible de répondre aux demandes légitimes formulées par ces travailleurs. Cette action ne se limite bien entendu pas à un seul établissement, d’autres distributions seront organisées afin de faire réagir le gouvernement.
Ce que j’ai retenu de tout ceci, c’est que les actions menées par un syndicat sont la face visible de l’iceberg. Mais, quand on y regarde de plus près, nous nous apercevons que ce processus témoigne de la solidarité dont font preuve les élus syndicaux. Ils ne décident pas d’une action dans le but d’occuper un créneau libre de leur agenda mais bien d’obtenir gain de cause en s’inscrivant dans une lutte collective pour répondre aux besoins des véritables acteurs de terrain. N’en déplaisent à ceux qui prônent l’individualisme.